Café Mémoire 16.02.2024


Le cycle 2024 des Café Mémoire ouvrait ses portes, et nous étions heureux d’honorer notre rendez- vous pris au mois de juin 2023 avec Monsieur Bernard MONDON, écrivain, conférencier passionnant, fidèle de nos rencontres culturelles. Au cours des années précédentes, il était venu plusieurs fois nous ravir de ses récits extraordinaires sur les emblèmes de notre Provence ; il nous avait fait partager l’émouvante vie des cigales, nous l’avions également suivi avec confiance dans la folle ronde du mistral, vent endiablé qui s’engouffre dans la vallée du Rhône, balayant tout sur son passage. Et c’est face à un auditoire restreint mais enthousiaste qu’il nous avait entraîné, un après-midi de juin dernier, dans la découverte de la facette littéraire du Ventoux.

Cette formidable présentation du Ventoux des écrivains, devait d’évidence s’inscrire, en soirée, dans le cycle complet des Cafés Mémoire. D’ailleurs le public a bien compris la nécessité de ne pas manquer la nouvelle occasion de suivre cette conférence. Ce fut donc sans surprise que les portes s’ouvrirent pour partager cette sympathique soirée, au cours de laquelle plus d’une soixantaine de réservations furent enregistrées pour le repas, complétées par une quinzaine d’auditeurs venus entendre la conférence seule.
Le repas terminé, ce fut donc avec un plaisir à chaque fois renouvelé que Marie-Claude présenta Bernard MONDON, devant des auditeurs impatients de le suivre.
Le Géant de Provence, une montagne singulière.

Notre conférencier nous entraîna d’abord dans la contemplation du Ventoux comme l’ont longtemps fait les locaux et les visiteurs, de la plaine, car il aurait fallu des raisons impératives pour s’aventurer sur ses pentes. Un dicton provençal mettait en garde : “N’est pas fou qui monte au Ventoux, est fou qui y retourne.”
Cette montagne majestueuse, puissante, souveraine, dotée d’un unique sommet qui surgit au milieu de la plaine provençale, a toujours exercé une fascination mêlée de crainte. Pour les écrivains, elle est source d’inspiration littéraire ; sa silhouette au sommet pierreux enflamme l’imagination des poètes; par exemple, l’un y voit « un lion couché qui souffle une haleine de glace« , un autre « un sein, un mamelon blanc, une déesse convoitée et énigmatique«
C’est avant tout une terre de contrastes très marquée : notamment le contraste entre le versant sud, doux, ensoleillé, et le versant nord rude, alpin, le contraste entre la végétation luxuriante de sa base et arctique à son sommet pierreux…. Nul doute pour Monsieur MONDON : c’est donc un lieu où l’on rencontre la coïncidence des contraires, apanage des montagnes sacrées.

Une attirance où se mêlent le profane et le sacré.

Cette montagne aurait donc quelque chose de divin et son sommet est un lieu de révélation. Certains ont donc gravi cette montagne pour aller à la rencontre de Dieu. Une chapelle y a été édifiée au début du XVIème siècle et l’on venait autrefois y demander la protection divine. Bien avant, en 1336, à une époque où nul n’aurait songé à une découverte touristique de la montagne, le premier à avoir laissé une trace écrite de son escalade est le poète italien Pétrarque . Et si l’ascension qu’il relate est une épreuve, elle est évoquée comme une élévation spirituelle, une sorte de parcours initiatique vers la béatitude.
Au fil du temps, des hommes se sont confrontés à cette montagne, pour de multiples raisons.
Certains y ont vécu la rudesse des conditions de vie, tels les bergers ou les bûcherons.



Des explorateurs ont grimpé à la découverte des terres d’altitudes, animés d’une curiosité scientifique. Dès le XVIème siècle, la phytothérapie est en plein essor et les pentes à la végétation très variée offrent un grand terrain de recherche. Le naturaliste Jean Henri Favre qui s’est lui aussi passionné pour le Ventoux, releva la très grande richesse et l’incroyable diversité de la flore locale depuis l’étage méditerranéen jusqu’à l’étage subalpin. C’est lui qui a surnommé ce pavot orangé emblématique du pierrier du Ventoux « pavot velu du Groenland ».
Le Ventoux est devenu aussi le lieu des plus grands défis sportifs.

Des instants inoubliables sont relatés avec force par les commentateurs sportifs. Au début du XXème siècle, des courses de côtes sont organisées et des voitures escaladent les pentes dans un vrombissement assourdissant.
C’est surtout pour les coureurs cyclistes du monde entier l’ascension extrême, infernale, interminable, d’une montagne mythique qui pousse les hommes dans les derniers retranchements de leur force.

« Et c’est sans crier gare que le Ventoux fut là. Ce tumulus désertique, ce Sahara suspendu, ce pelé, ce galeux d’où allait venir tout le mal., secoué par les écharpes diaphanes et véhémentes du vent ».
Des moments intenses, dramatiques parfois -comme le décès du coureur britannique Tom Simpson en 1967- restent dans la mémoire collective du sport.


Le public fut captivé par ce voyage littéraire. Avec un tel orateur, on ne pouvait imaginer deux conférences identiques sur le même sujet ! Il faut dire que Monsieur MONDON n’avait eu que l’embarras du choix parmi les très nombreux écrivains – plus de cent cinquante – qui ont laissé des récits ou des descriptions littéraires du Ventoux. Une fois encore, il venait d’offrir à son auditoire une superbe soirée, donnant à chaque récit, une couleur particulière, aux textes choisis une résonance unique. Cette soirée fut un moment exceptionnel de découverte, y compris pour ceux qui avaient déjà suivi sa conférence en juin dernier.
Pour poursuivre ce voyage dans le « Ventoux, versant littéraire », certains se procurèrent le bel ouvrage que l’auteur leur dédicaça avec beaucoup de soin et d’attention pour chacun.
Ce livre est une remarquable anthologie pour vivre des instants d’exception.
Le prochain Café Mémoire aura lieu le vendredi 19 avril 2024. C’est en compagnie de Mélanie Bienfait, que nous découvrirons : l’Art Roman en Provence
Nous vous attendons nombreux ! A bientôt le plaisir de vous retrouver ! (m.K-mc.B)