Le vendredi 14 octobre 2011 s’est tenu un nouveau Café Mémoire à Velleron dont le thème abordé par M.Négrel traitait du coup d’état de 1851, et ses conséquences dans le Vaucluse en général et particulièrement à Velleron.
Voici ce qu’écrivait Victor Hugo dans son ouvrage « Un crime » en 1877 … « croire à un coup d’état possible, cela devenait humiliant. L’hypothèse d’une violence illégale de la part de M. Louis Bonaparte s’évanouissait devant un sérieux examen. .. Un attentat contre la république et contre le peuple est-ce que quelqu’un pouvait avoir une telle préméditation ? où était l’homme capable d’un tel rêve ? Violer le droit, supprimer l’Assemblée, abolir la constitution, étrangler la république … exiler, bannir, déporter, ruiner… ! quoi ces énormités seraient faites ? et par qui ? par un colosse ? non ! par un nain ».
Et pourtant ! … Le 2 décembre 1851 Louis Napoléon Bonaparte dissolvait l’Assemblée. Il venait d’être élu Président de la République avec 74% des voix, sauf dans le Vaucluse. C’était alors la première élection d’un Président de la République au suffrage universel (pour les hommes seulement). Ce faisant, Louis Napoléon met fin à la IIe République issue de la révolution de 1848.
M.Négrel nous a décrit l’atmosphère politique en Vaucluse qui a mis face à face des forces opposées, les légitimistes ou blancs, partisans des Bourbons, les bleus, victimes de la Terreur, et l’apparition des Rouges. Il nous a montré la mosaïque politique vauclusienne : les Blancs victorieux dans l’arrondissement de Carpentras, la montée des Rouges dans le canton de Pernes, la rivalité entre Velleron où les Bleus étaient en tête et le village du Thor…
Nous avons appris également ce qu’étaient les « chambrettes », ces associations d’hommes qui louaient un local où ils se retrouvaient, faisaient la lecture des journaux, les traduisaient en provençal, c’étaient un lieu de discussions, et un terrain favorable pour les républicains qui y faisaient leur propagande. Bien entendu, ces chambrettes deviendront vite la cible du gouvernement qui les ferme. Bientôt la liberté de réunion et de la presse seront supprimées. C’est alors la naissance de sociétés secrètes car les républicains s’organisent.
En Vaucluse, à l’annonce du coup d’état que ce soit à Velleron, Orange, dans le canton d’Apt, des hommes prennent les armes pour défendre la République « le peuple reprend ses voix », mais ce mouvement s’essoufflera vite et s’arrêtera. la répression alors va s’abattre sur les participants aux manifestations, les arrestations (1200) donnent lieu à des inculpations (1035). Les condamnations seront plus au moins graves, cela ira de la surveillance à la déportation à Cayenne mais aussi l’internement, l’exil, l’expulsion, la condamnation vers l’Algérie. Toutefois on peut noter quelques mesures de grâce; enfin un certain nombre d’entre les insurgés se sont enfuis dans le Piémont, à Nice.
Nous avons appris également qu’après Sedan le drapeau rouge a flotté sur la mairie de Velleron.
M.Négrel nous a montré que ce mouvement de révolte pour protéger la République n’avait rien à voir avec les jacqueries médiévales, ce n’étaient pas des émeutes mais qu’il traduisait une prise de conscience individuelle, une appropriation de la République qu’on voulait protéger et sauver. Enfin un rapprochement avec le mouvement de Résistance qui s’est développé en 1940 -45 en France a terminé cette conférence passionnante.
N.B