Café Mémoire du 14 octobre 2016
Cette 43ème conférence revêtait un caractère exceptionnel puisqu’elle marquait le 10ème anniversaire des Cafés Mémoire.
En effet, cette formule fut inaugurée le 18 octobre 2006 au café « Le Casino » à Velleron. Bien sûr, au fil des années, des changements ont eu lieu, mais le principe reste le même : d’abord le partage d’un repas, puis le suivi d’une conférence sur un sujet local, le tout dans une « ambiance chaleureuse », aux dires des fidèles qui ne manqueraient en aucun cas ce rendez-vous. Quant aux autres participants, qu’ils soient réguliers, occasionnels ou nouveaux, ils se fondent sans difficulté dans l’atmosphère sympathique de ces agréables soirées.
Il fallait bien fêter cette occasion particulière, et c’est par un petit buffet apéritif que les arrivants ont été accueillis.
Après le temps de la restauration, place à la conférence. Marc Maynègre, membre de l’Académie de Vaucluse et de la Société Littéraire de la Poste est un passionné d’histoire locale sous toutes ses formes. Il était déjà venu animer des soirées, notamment celle concernant l’histoire de l’absinthe et du pastis. Avec la verve et la précision qu’on lui connaît, nul doute que son exposé allait être passionnant et c’est très attentivement que chacun suivit sa présentation des fondeurs de cloches et sonnailles en Avignon. Avec une riche documentation, il passa en revue les fonderies avignonnaises dont on peut encore lire les noms ici ou là sur le métal des plaques ou la pierre des bâtiments. L’assistance salua cette riche évocation d’un secteur industriel disparu. M-C.B
Avignon, fondeurs de cloches et sonnailles, présenté par Marc Maynègre.
Monsieur Maynègre tient à indiquer en préambule que le point de départ de la conférence est l’ASPPIV, association dont l’objet est la sauvegarde et la promotion du patrimoine industriel en Vaucluse.
Nous avons eu, dans notre département, tous les types d’industrie. Pour preuve, les nombreuses cheminées d’usines et les moulins encore présents dans notre environnement. Marc MAYNEGRE a d’abord fait un travail de recherche sur une fonderie de cloche de la rue des Teinturiers, puis s’est intéressé ensuite aux différentes fonderies d’Avignon aux 19° et 20° siècles. Les papiers à en-tête lui ont apporté énormément de renseignements sur cette industrie. Il nous livre donc le résultat de ses recherches en nous exposant les noms des entreprises qu’il a retrouvées, leur emplacement dans Avignon et leurs activités principales pour certaines.
Nous trouvons donc les établissements suivants : Bouteillom , à la porte Limbert, face à la route de Marseille. Desfons, à Saint-Ruf. Gerbeau et Ferrier, place Crillon, entreprise qui a fabriqué des bittes d’amarrage de péniches à Pont-Saint-Esprit en particulier. François Reynier, rue des teinturiers, s’installe dans la maison . Ses successeurs seront Gautier et Monserret qui vont développer leur fonderie jusqu’à occuper une bonne longueur de la rue, à côté de la fabrique de réglisse Félicien Florent. Ce sont eux qui fondaient les plaques des numéros de la rue des teinturiers. Avec Gautier et Fils, l’usine est devenue hydro-électrique et s’est spécialisée dans les robinets, corps de pompes et bouches d’incendie. Le conférencier nous rappelle qu’une bouche d’incendie de cette fonderie a été installée par la mairie d’Avignon dans la rue des Teinturiers, devant l’ancienne usine. Cette usine fabriquait également des grelots en bronze, en nickel ou en fonte, avec différentes fentes, plus ou moins longues et nombreuses. Méjet et Boyer, portail Magnanen, spécialisés dans les plaques d’égout. Perre ou
Saint Roch, usine qui sera détruite en 1859 après les grandes inondations car on a alors construit un contre-mur le long des remparts sur lesquels elle était appuyée. Perre épousera une demoiselle Pierron. Plus tard, l’hôtel de l’Europe sera construit par la famille Perre Pierron. Cette famille a également fabriqué une cloche de l’église des Saintes- Maries-De-La-Mer. Richard et Fils, rue Buffon, fabriquaient en particulier des « douches inodores », « sans garantie du gouvernement », qui comprenaient un système de siphon empêchant les eaux de remonter. Berton, qui deviendra Berton et Sicard, entreprise bien connue encore de nos jours. L’usine était spécialisée dans les bouches d’égout et les grelots. Une fonderie était établie rue des Fondeurs, sur le site très important de l’ancien couvent des Dominicains. Le conférencier nous parle ensuite du palais du Roure où l’on peut voir de nombreuses cloches sur la façade, toutes portant un nom. Il évoque également une cloche au cimetière Saint-Véran sur le tombeau du carillonneur de Saint-Didier. Il nous propose un détour à Villedieu-Les-poêles dans la Manche où se trouve une remarquable fonderie, de poêles à l’origine et de cloches actuellement.
Les cloches comprennent différentes parties : ferrement, anses, cerveau, panse, pince, battant et bords. On fait d’abord une copie en argile (mêlée de poils de chèvre) de la future cloche, puis une seconde et on coule le métal entre les deux, généralement dans une fosse pleine de terre. La cloche est ensuite nettoyée et polie. Marc Maynègre nous rappelle que toutes les cloches étaient baptisées, qu’on inscrivait le nom de la cloche, de son créateur et sa date de naissance. Le parrain était souvent le roi autrefois, mais aussi la reine, ce qui était une façon de les honorer. Ainsi, Marguerite Françoise, créée par la maison Pacard, la cloche du sacré Chœur à Paris offerte par la Savoie, est la plus grande et la plus lourde cloche de France. Elle pèse 18,935 tonnes, le battant 1200 kgs et mesure 4 mètres de hauteur avec un diamètre de 3,03 mètres. La Jeanne d’Arc à Rouen, également créée par la maison Pacard en 1920 et qui
pèse 16 tonnes. Elle a été détruite en 1944 et refondue en 1958. La plus grosse cloche du monde a été créée à Moscou en 1734. C’est la Kolokol qui pèse 200 tonnes.
Le son de la cloche est créé lors de la fonte, puis affiné avec un diapason en travaillant à la fois l’épaisseur et le galbe de la cloche. Pour répondre à des remarques de l’assistance, le conférencier rappelle que l’installation de nombreuses fonderies à Avignon répondait à une demande importante du fait du grand nombre d’églises et de couvents. Il note également que la maison Perre avait commencé ses activités à Velleron.
Il évoque enfin les neuf cloches fondues en direct à Avignon sur la place du Palais des Papes pour l’an 2000, avec les noms des villes élues au titre du patrimoine mondial de l’UNESCO. M-C.S