Une fois de plus un public varié et très intéressé s’était rassemblé dans la grande salle du Vieil Hôpital à Velleron pour entendre, après un repas en commun, une nouvelle conférence dont le sujet traitait de Clovis Hugues.
Je dois avouer que, pour moi, et je suppose que je n’étais pas la seule dans ce cas, ce patronyme évoquait plutôt un nom d’établissement scolaire. J’ignorais à peu près tout de ce vauclusien. né à Ménerbes le 3 novembre 1851 et mort à Paris le 11 juin 1907, que le conférencier nous présenta comme un « vauclusien sévère et méconnu », pacifiste, il milita contre la campagne d’Algérie, libre penseur et anticlérical, membre d’un comité qui préconisait le baptême civil.
Enseignant, pendant un temps, il croyait fermement aux qualités des jeunes qu’il enseignait, il les définissait ainsi : « sous la chrysalide noire il y avait un papillon rouge ».
Il s’est investi dans la défense de la République, patriote de la paix et la liberté, il prônait la suprématie de l’autorité civile sur l’autorité militaire :«nous voulons … qu’au scrutin obéisse l’épée » écrivit-il. Son engagement flamboyant, lui coûta des années de prison et le sens inné de l’honneur l’incita à provoquer et tuer en duel un journaliste qui avait insulté sa femme. Candidat à la députation il fut élu à plusieurs reprises, en 1881, 1885, 1893 (contre Aristide Briant), 1902.
Orateur hors pair il fut redouté à l’Assemblée pour la fulgurance et la profondeur de ses réparties et la vivacité de ses interventions, du moins tant que son état de santé le lui permit.
C’était un politique, certes, mais aussi un journaliste actif il collabora à de nombreux journaux ou revues, de même poète et écrivain prolixe, il a introduit la poésie en politique et s’exprima en français mais aussi en provençal .L’évocation du moulin natal, par exemple, montre sa sensibilité et son attachement à ses parents
« Ce n’est pas qu’il soit grand
« Le moulin où je suis né
« Dans le bourdonnement des abeilles
« Plus que dans le bruit des écus ».
…..
« J’irai avant de me coucher
« Là où nous devons tous aller
« Respirer l’âme de mon père
« Dans les lys qu’il a semés
Un parcours exemplaire, mais non sans paradoxes, pacifiste mais admirateur de Jeanne d’Arc parce que la première elle a incarné le patriotisme, il a également un court moment été attiré par les sirènes du boulangisme. Toutefois il fut estimé par les plus grands, Victor Hugo, Auguste Renoir (le peintre), Félix Gras…
Cette évocation est incomplète il faudrait pour évoquer cet homme attachant, de plus longs discours ; on peut aussi regretter que de son œuvre écrite restent peu de témoignages, que le Vaucluse, exceptés quelques fidèles, l’ait quelque peu ignoré pour les 100 ans de sa mort. Clovis Hugues n’a pas eu la reconnaissance qu’il méritait.
Buste de Clovis Hugues, au Jardin des Félibres de Sceaux, sculpté par son épouse Jeanne Royannez.
NB
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