Fernand Marin, un homme d’exception

L’intervieweur interviewé

Conférence Le samedi 16 Mars 2019

Malgré un soleil qui brillait haut , une température qui invitait à flâner sans modération, c’est dans la salle du Vieil Hôpital à Velleron que beaucoup se donnèrent rendez-vous pour retrouver « Fernand », à travers une conférence organisée conjointement par les associations : Les Chevaliers de l’Onde et Velleron Culture & Patrimoine, que beaucoup connurent et côtoyèrent à l’occasion de différentes situations.

Qu’était devenu ce petit pâtre de la « Lone »,qui mit sa vie au sevice des autres ?

Notre présentateur habituel des Café Mémoire, Jean Ronze, fut à son tour présenté, et interviewé, en qualité de conférencier.

Lorsque qu’il présenta Fernand Marin, personnage incontournable de la vie politique et économique du siècle dernier, nous savions déjà que cette conférence serait empreinte d’émotion. Dans la salle, si certains venaient à la découverte d’une figure historique, d’autres connaissaient déjà l’histoire de cet enfant de l’Isle-sur-la-Sorgue devenu secrétaire d’état auprès du ministre de la santé, avant de se fixer dans la commune ouvrière de Sorgues, durant cinq mandats. Des habitants de Sorgues avaient fait le déplacement, ainsi que des membres de la famille de Fernand Marin.

Son fils Jean-François, en voyage, devait sans doute penser très fort à cette conférence de Velleron à laquelle il ne pouvait malheureusement pas assister, mais les deux petits-enfants de Fernand étaient bien là, ainsi que leur grand-mère maternelle et l’ancien chauffeur de Fernand, devenu très vite un ami, avait tenu à être lui aussi présent.

Pour Jean Ronze, il n’était pas question de retracer méticuleusement la carrière particulièrement riche de Fernand Marin, mais plutôt d’évoquer l’être humain qu’il a été, d’abord un jeune garçon passionné de lecture, puis un homme engagé épris de paix, toujours fidèle à ses convictions, généreux, tourné vers les autres. Car s’il a réussi à se hisser au plus haut niveau des responsabilités, lui, le petit gardien de moutons issu d’une famille de paysans, ce n’était pas pour faire carrière mais toujours défendre les valeurs de paix, d’humanité, d’échanges, et pour améliorer le sort des petites gens.

Fernand serait peut-être resté paysan comme son frère Raoul, l’aîné d’une fratrie de sept enfants, si son maître n’avait pas décelé en lui des capacités remarquables. Alors, les parents acceptent qu’il entre au lycée Benoît de L’isle-sur-la-Sorgue où vit toute la famille.

Puis ce sera L’École Normale dont Fernand sortira à 19 ans avec son diplôme d’instituteur. Le voilà muté à l’école rurale Michalons : une classe unique qui regroupe les enfants de quatre hameaux, près de Coustellet. Fernand y rencontre fréquemment les parents d’élèves et découvre les difficultés de l’isolement en milieu rural.

La guerre interrompt sa jeune carrière, il est mobilisé à Hyères, puis son régiment se rend à Saumur ; là, il s’échappe avant de retomber malheureusement sur son régiment qui fuit la zone de combat. Mais Fernand le pacifiste n’aura de cesse de quitter la vie militaire, mais de s’engager dans une autre forme de lutte contre l’oppresseur. Ses rencontres, les discussions animées au Café des Palmiers de Hyènes ont complètement forgé sa détermination. Il entre dans le parti communiste devenu clandestin. Cachant des armes parachutées dans la ferme familiale de Rebounas, il part la nuit approvisionner les combattants des maquis de Gordes, du Chat, du Ventoux, les hauts lieux de la Résistance.

Ses convictions sont partagées par sa famille, et sa sœur cadette Estelle épousera à la fin de la guerre Sylvain Meyer, le « Commandant Gervais » dont nous avons retracé le parcours dans le livre « Mes années dans la résistance ».

La guerre terminée, il se met en disponibilité de l’Éducation nationale lorsque le parti lui propose de devenir secrétaire de la Fédération du Vaucluse. Le communiste René Arthaud, qui était pharmacien à Montfavet, devient Ministre de la Santé Publique, dans le gouvernement provisoire de la République, il fait appel à Fernand pour occuper le poste de secrétaire d’état. Durant cette courte période de juin à décembre 1946, d’importantes discussions concernent les avancées sociales qui commencent à être mises en place, dont la sécurité sociale naissante.

Fernand réintègre ensuite l’éducation Nationale, à Carpentras, puis les Ortolans d’Avignon, mais n’abandonne pas pour autant la vie politique.

Ce n’est pas à Avignon que son destin politique va se construire, même s’il a été élu conseiller municipal d’opposition durant le mandat d’Edouard Daladier, ce n’est pas non plus dans sa ville natale de l’Isle-sur-la-Sorgue, mais c’est dans la cité ouvrière de Sorgues. D’abord élu conseiller municipal, il va prendre la succession du maire décédé en 1965. Cette fonction, il va la garder jusqu’en 1989 et marquer de son empreinte la commune. Car sous son mandat, la cité a connu une transformation radicale avec de multiples réalisations au service de la population (groupes scolaires, stades, piscines, maisons de jeunes), et s’est considérablement développée, passant de 12 000 à 17 000 habitants.

Notre conférencier, souligne que les qualités de Fernand Marin ont été reconnues bien au-delà de sa famille politique, et pour agir il a toujours su rassembler des sensibilités très différentes. Cet homme de paix a mis en place un jumelage entre la ville de Sorgues et la ville allemande de Wettenberg, créant des liens d’amitié profonds qui perdurent.

Ainsi, tout au long de son parcours, Fernand Marin a œuvré pour la cause de l’Homme, suscitant le respect de tous.

Après Jean Ronze, d’autres personnes sont venues témoigner : une ancienne élève, son ancien chauffeur, ses petits-fils Camille et Simon.

A la fin de la conférence, avant que notre conférencier invite l’assemblée, à poursuivre les échanges de souvenirs autour du verre de l’amitié, une photo souvenir a immortalisé ce bel hommage pour cet homme qui aurait eu 100 ans en ce mois de mars 2019.

Ces retrouvailles amicales se poursuivirent tard dans l’après-midi, devant un sympathique buffet « concocté maison », chacun évoquant avec respect cet homme aimé de tous, qui dédia sa vie au service des autres.

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