Jardin, étang et château …

Sortie du 18 Juin dans le Luberon.

Pour cette belle journée de visite dans le Luberon, le point de rendez-vous était fixé comme d’habitude au parking du marché pour l’organisation déjà bien rodée du covoiturage. A 8h30, ce fut le départ pour la première visite de la matinée : le conservatoire des plantes tinctoriales du château de Lauris.

Sortie du 18 Juin dans le Luberon. Pour cette belle journée de visite dans le Luberon, le point de rendez-vous était fixé comme d’habitude au parking du marché pour l’organisation déjà bien rodée du covoiturage.

Ce château établi sur une falaise offre une vue panoramique saisissante sur toute la Durance, et nous étions déjà sous le charme de ce site exceptionnel. Dès le XVIème siècle, le village fut un centre très actif de production de couleurs naturelles. Mais ici comme ailleurs, l’invention des colorants de synthèse au XIXème siècle a supplanté ce que nous offrait Dame Nature.

De nos jours, à la faveur d’un retour au naturel les plantes tinctoriales « reprennent de la couleur « 

L’implantation d’un Conservatoire s’inscrit naturellement dans un terroir marqué par une tradition tout autant textile que tinctoriale. C’est l’association « couleur garance » qui a installé des plantes tinctoriales provenant du monde entier. Ce jardin a été labellisé en 2011 Jardin remarquable. Les conditions climatiques particulièrement favorables permettent de conserver des végétaux du monde entier.

Dans ce jardin étagé, cohabitent près de 300 espèces, réparties en carrés par thèmes. Notre conférencier aussi compétent que sympathique nous a guidés à travers cette foisonnante végétation, dont les pigments sont utilisés tant dans la teinture que l’alimentation, les médicaments, l’encre, l’art…

Les couleurs des fleurs ; stratégie de séduction, stratégie de survie.

La plante attire les insectes pour sa pollinisation, elle la protège : de même c’est la couleur des fruits qui attire les oiseaux et permet de disperser les graines.

Pour les pigments, les plantes n’annoncent pas la couleur ! Ce n’est pas nécessairement par la fleur que l’on obtient les couleurs : il peut s’agir des feuilles, des racines, des écorces. . Et même si c’est la fleur, le résultat n’est pas ce que l’on croit : par exemple les fleurs blanches des nénuphars donnent une couleur noire !

Parmi l’immense variété des espèces nous avons surtout retenu les colorations grand teint très résistantes au temps.

Pour le ROUGE, chacun le sait, c’est la garance qui règne en maître. Cette plante tinctoriale parmi les plus anciennes a connu dans le Vaucluse un passé « haut en couleur ». Elle paraît bien terne avec ses modestes fleurs d’un jaune fade mais le rouge éclatant de son pigment est donné par ses rhizomes…

Un insecte a longtemps donné la couleur rouge : la cochenille, parasite du chêne kermes que les populations d’Amérique latine élevaient sur les raquettes du cactus nopal. Le rouge carmin est utilisé pour composer les rouges à lèvres, colorer les saucisses…

Pour le JAUNE, c’est surtout le genêt et le réséda des teinturiers. Cette dernière, malgré sa fadeur, contient un puissant colorant jaune dans toutes ses parties aériennes. Autrefois elle fut beaucoup utilisée dans le Comtat Venaissin où l’on imposait un signe distinctif aux juifs : un chapeau jaune, d’où son nom : herbe des juifs.

Pour le BLEU, rivalité entre le pastel (Isatis tinctoria) et l’indigotier. Le bleu, très prisé dans les civilisations antiques a longtemps été banni dans notre civilisation, sans doute à cause de la rareté des pigments. Tout changea à partir du XIIème siècle quand la Vierge fut représentée avec des vêtements bleus.

Du pastel, plante mythique du Lauragais, c’est de la fermentation de ses feuilles que sont libérés de beaux pigments bleus. La pulpe verdâtre était comprimée en petites boules : les « cocagnes ». La couleur obtenue, le bleu de Cocagne fit la fortune de la région désignée le « Pays de Cocagne », territoire où la nature est exceptionnellement généreuse.

Quant à l’indigotier (indigofera tinctoria), originaire d’Orient, il fut longtemps rejeté en France pour concurrence déloyale avec le pastel, mais il le supplanta à partir du XVIème siècle, les routes maritimes se développant, sa teinte plus profonde séduisant un bon nombre de teinturiers. La molécule d’indigotine a une autre vertu : elle repousse les rayons ultra-rouges et protège des températures excessives. (d’où les hommes bleus du désert !)

Certes, le passage à la teinture des tissus n’est pas aussi évident : il existe différentes méthodes : fermentation, infusion, décoction …, sans compter la nécessité de procéder au « mordançage » pour fixer la teinte, en utilisant un mordant comme l’alun…Nous étions autant fascinés par les fabuleuses ressources cachées des plantes que par l’ingéniosité les humains à les déceler au fil des grandes civilisations. Ah ! Ces plantes nous en ont fait voir de toutes les couleurs …

Il était temps pour nous de rejoindre CUCURON où nous avions prévu de déjeuner sur la place la plus animée du village, dont le centre est occupé par un grand bassin. A l’origine réserve d’eau provenant de différentes sources, il a longtemps alimenté des moulins à farine avant de devenir un bassin d’agrément bordé de magnifiques platanes, aujourd’hui bicentenaires…

C’est donc dans ce cadre ombragé que nous nous sommes installés pour cette pause repas avant de partir à la découverte de ce joli village provençal avec notre guide qui nous attendait patiemment.

Étagé sur le versant sud de la « montagne bleue » du Grand Luberon, il s’incline en pente douce jusqu’à la plaine de la Durance ; mais sa surface est accidentée de deux petits promontoires « cuc » d’où son nom insolite qui fait rire les enfants.

Les promontoires- occupés, l’un par le vieux donjon Saint Michel, ruine d’un château médiéval, l’autre par la Tour Sus Pouce, qui servait de poste de guet – offrent des vues extraordinaires sur les toits de Cucuron.

Rien d’étonnant que ce village ait été choisi comme cadre de tournage de certains films comme « Le hussard sur le toit » de 1995 d’après Henri Giono. En longeant les différents remparts, en grimpant ici ou là quelques escaliers, nous avons découvert des points de vue splendides sur la vallée. Un riche patrimoine témoigne d’un passé prospère grâce à la généreuse plaine alluviale.

Pour l’entrée dans le village ancien, nous avons franchi le second rempart surmonté d’un beffroi et son campanile en pierre.  Ce fut un plaisir de découvrir dans les petites rues des merveilles architecturales, Ici, de riches façades de maisons aristocrates avec fenêtres à meneaux, telle la plus vieille maison du village, dite « maison de la Reine Jeanne » qui enjambe la ruelle ; là des balcons en fer forgé magnifiquement travaillés, comme celui d’un ancien hôtel particulier du XIXème siècle devenu la mairie du village, ou la sculpture de la Vierge à l’Enfant à l’angle de la maison des consuls, belle bâtisse du XVIIème siècle…

Nous avons terminé la visite par l’église Notre Dame de Beaulieu, un peuplier aussi haut qu’elle fixé contre sa façade. Cette tradition mi païenne mi-religieuse de l’arbre de mai occasionne la plus ancienne fête de Cucuron : elle se déroule chaque année fin mai en l’’honneur de Sainte Tulle, la patronne du village, à qui, paraît-il, les habitants avaient demandé la protection lors de la Grande Peste de 1720.

L’église, bâtie au XIIIème siècle pour remplacer une autre trop petite, a vu son noyau primitif de style roman se compléter de nombreux ajouts au fil des siècles pour devenir un édifice assez imposant pour un village. Cucuron a la particularité d’être resté une enclave catholique cernée par des villages protestants durant les guerres de religion.

Une visite de l’intérieur nous a permis de découvrir son riche autel, ses statues de pierre et de bois, ses reliquaires, son orgue, ses vitraux…

Nous arrivions au terme d’’une promenade fort intéressante, enrichie par le savoir de notre guide que nous avons chaleureusement remerciée.

Pour clore cette superbe journée, nous avons fait un petit crochet par l’étang de la Bonde afin de nous désaltérer à une terrasse. L’une d’entre nous, prévoyante, avait pris son maillot de bain : elle n’a pas hésité à se jeter à l’eau. Mais là, c’est une autre histoire…

Vivement la prochaine sortie après l’été ! Les idées foisonnent déjà …                                                                                                                                                                             mc-B

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