Le 13 Novembre 2021, Les Chevaliers de l’Onde, Velleron Culture & Patrimoine vous ont proposé une immersion dans le monde de la ruche.

Cette période automnale où se fait sentir le besoin de bien-être se prêtait particulièrement bien au sujet de cette conférence.
Le miel, trésor de la ruche
Le miel est un mélange issu du nectar des fleurs et de la salive de l’abeille. Cette délicieuse substance sucrée évoque la douceur, le plaisir, l’abondance, le bonheur, la nature généreuse…Il a été doté toujours d’une grande portée symbolique dans les textes fondateurs des différentes civilisations où il occupe une place de choix, telle une nourriture divine…

Pour animer cette belle rencontre entre les consommateurs que nous sommes et les productrices, c’est un apiculteur des Hautes Alpes qui a fort un gentiment accepté notre invitation. Après la présentation d’usage, Emile REYNIER, dit « Milou » pour les familiers, entra dans le vif du sujet, impatient de nous faire partager la passion qu’il s’est découverte dès l’enfance.

La fascinante société des abeilles
Emile REYNIER nous plongea au cœur de la vie d’une colonie, incroyablement organisée, telle une grosse entreprise.
A la tête se trouve la seule femelle pondeuse de la ruche, La Reine, dont la seule présence assure la cohésion de la colonie. Autour d’elle gravitent des bataillons de plusieurs milliers d’abeilles femelles : les ouvrières. Infatigables travailleuses chargées de l’entretien et du ravitaillement du couvain : (ensemble des œufs, larves et nymphes) elles suivent un véritable plan de carrière assumant docilement des fonctions définies par avance. Nettoyeuses, nourrices, gardiennes, bâtisseuses, ventileuses, éclaireuses, butineuses…, leurs tâches successives sont exténuantes et de ce fait, elles ne vivent pas longtemps (pas plus de 6 semaines durant la belle saison) alors que la reine vit entre 4 et 6 ans.


Pour assurer la survie de la colonie, les ouvrières sont vigilantes. Dès que la reine n’est plus féconde, elles préparent la succession : elles bâtissent une alvéole plus grosse que les autres et nourrissent la larve femelle déposée par la Reine exclusivement de gelée royale (substance blanche, secrétée par les abeilles, qui assure une grande vitalité). Une fois fécondée par plusieurs mâles lors de son vol nuptial, la nouvelle Reine prend possession de la ruche et la vieille est chassée.
Dans cette société hiérarchisée et matriarcale, les mâles ou « faux bourdons » ne sont pas débordés. Ils naissent uniquement au printemps et proviennent d’œufs non fécondés ; autrement dit, ils n’ont pas de père ! Dépourvus de dard, ils ne peuvent piquer. Comme ils sont dotés d’une trompe trop courte pour butiner, ils sont entièrement dépendants de la colonie des ouvrières qui doivent les nourrir. Ils n’ont qu’une seule fonction : la reproduction. Ceux qui parviennent à féconder la nouvelle reine en vol meurent immédiatement. L’arrivée de l’automne est fatale pour les autres, devenus inutiles ; les ouvrières cessent de les nourrir et les rejettent impitoyablement de la ruche, et ils vont mourir affamés. Car durant la mauvaise saison la colonie doit survivre des réserves amassées et la régulation démographique est indispensable.

Par contre, au printemps, les ressources en nourriture redeviennent abondantes et c’est la période d’essaimage : la colonie se scinde en deux, la reine, suivie d’une partie des ouvrières abandonne le lieu pour former un essaim qui part à la recherche d’un abri (arbre creux, excavation, cheminée…) tandis qu’une nouvelle reine domine la ruche. L’essaimage constitue le mode naturel de dispersion des colonies dans l’espace.
L’apiculture, une affaire de passionnés.
Depuis la préhistoire, les hommes entretiennent avec l’abeille une relation ambivalente, où se mêlent de crainte et de fascination. Subjugué par l’organisation sociale étonnante de l’insecte, l’homme s’est lancé très tôt dans son étude. Mais il ne saurait être question de domestiquer les abeilles qui gardent leur mode de vie naturel. L’apiculteur prend soin d’elles comme on prend soin des plantes. L’apiculture est donc l’art de « cultiver les abeilles ».

Qui mieux que Emile REYNIER pouvait parler de la protection des abeilles ? Les apiculteurs amateurs de l’assistance n’ont pas manqué de poser des questions à ce grand connaisseur.
Emile REYNIER a aussi donné des explications pour les personnes dépourvues de toute expérience. L’apiculteur revêt une combinaison blanche (il sait que le noir excite les abeille) et qu’il utilise un enfumoir lors de ses interventions.

Enfumer la ruche déclenche chez les abeilles un stress important, qui paradoxalement les calme. Le feu pouvant les anéantir, elles assimilent la fumée à une grande menace pour la colonie, et se regroupent alors au fond de la ruche autour de la reine, prêtes à la protéger et à quitter les lieux.
Ce repli, laisse à l’apiculteur la possibilité d’ausculter la ruche dans de bonnes conditions et de recueillir le miel de la hausse étage ajouté sur le corps de ruche, qui fait office de magasin à miel. La récolte se fait en juin, juillet, août, au rythme de la production. En possession des cadres gorgés de miel, l’apiculteur passe à la « désoperculassion » : il retire la couche de cire avec laquelle les alvéoles sont bouchées pour récupérer le miel.

Parler des abeilles, c’est également évoquer son rôle essentiel : celui de principal pollinisateur. Quand l’abeille butine, elle laisse tomber du pollen qui pénètre dans l’organe femelle de la fleur et la féconde. La reproduction est ainsi assurée pour les plantes et arbres fruitiers ! Ces insectes sont indispensables à l’alimentation humaine, à l’équilibre de la nature, à la qualité de vie.

Cependant, les abeilles sont en grand danger, de multiples menaces planent sur elles (présence de parasites comme le varroa, usage de pesticides qui déboussolent les abeilles, domestiques et sauvages, changements climatiques, etc). Triste constat : cette année, 2 500 colonies sont mortes.
Le temps de la dégustation

Pour ne pas se quitter sur ces tristes informations, une salve d’applaudissements vint montrer combien cette rencontre avait été appréciée et pour savourer aujourd’hui, ce moment de grande convivialité, le public fut invité à se rapprocher de la table de dégustation, où miel de lavande et miel de montagne s’affrontaient à travers une amicale joute gustative ! Miel mono floral ou miel toutes fleurs ? A chacun son goût !
Happé par le débordement sympathique des dernières questions, M. Emile REYNIER eut bien du mal à rejoindre son épouse, à qui nous étions heureux de remettre le traditionnel bouquet de fleurs, témoignage de nos sincères remerciements.
Toujours dans le plaisir des traditions, le verre de l’amitié clôtura ce sympathique rendez-vous avant de rappeler le prochain qui sera : Le jeudi 9 décembre 2021 à partir de 18 heures Salle des Associations de Velleron pour l’assemblée générale des Chevaliers de l’Onde.
A Bientôt. (mK-mc.B)