Ma mémoire me permet, aujourd’hui de vous dire qu’à Velleron comme dans toute la France, on manquait de nourriture car les Allemands avaient pillé tous les stocks. J’ai connu une famille de Paris avec 2 gosses qui se privait de nourriture pour que leurs enfants en aient suffisamment. Un organisme de Vichy imposa à mon père la culture de 1000 M2 de betteraves sucrières. La culture fut faite, mais pour ne pas céder aux ordres de Vichy, nous n’avons pas pris le temps de la livrer ! Cette situation de manque de nourriture, engendra des vols et même des agressions.
Monsieur Feuillet, amputé de la guerre 14-18 et sa femme tenant un petit bar, et Madame et Monsieur Armand, minotier, chemin de la Sylvestre, en firent les frais d’argent et de victuailles. La rumeur publique retombait comme étant une action de la Résistance ! A Pernes, un paysan monsieur Dany, eut le vol de son troupeau de brebis. Dans les jours qui suivirent, nos camarades du maquis « Jean Robert » cherchèrent le coupable, ils aperçurent un berger avec des bêtes ; après interrogation il avoua être le voleur de celles-ci pour faire du marché noir. Il fut mis en arrestation et remis à la justice. Le lendemain Robert Araud et un autre camarade, avec le chien retournèrent les brebis à monsieur Dany, avec ponction de plusieurs bêtes pour leur nourriture. Après avoir été invités à manger, ils repartirent au camp.
Au début de l’exode des Allemands, je décidai d’aller retrouver des camarades à « Rebounas » à l’Isle sur la Sorgue, en mettant dans un sac une « Remington » attaché au cadre du vélo. A peine à 200 mètres de la route de Carpentras, des soldats en déroute me sifflent. Je jette vite le vélo dans le ruisseau et traverse la haie de cyprès. Quelques balles sifflèrent de part et d’autres autour de moi…Le lendemain, avec mon père, nous avons retrouvé le fusil dans le sac, sans le vélo. Avec le risque que le sac soit piégé, nous l’avons tiré à distance.
Velleron, le 26 Mai 2014
Velleron Culture & Patrimoine 
Votre commentaire