Musées du Cartonnage et de la Soie

Sortie du 29 Mars 2019 

Musée départemental du Cartonnage à Valréas 

 

 

C’est sous un soleil vaillant digne d’un mois de juin que se regroupèrent les participants (les uns à Velleron, les autres à Avignon) pour se retrouver à l’heure fixée devant le musée départemental du cartonnage de Valréas.

L’ouverture anticipée du musée pour recevoir notre groupe, les explications très détaillées de notre guide, ses démonstrations sur les machines, toutes les conditions étaient réunies pour découvrir très confortablement cet univers de carton dans lequel toute la mémoire du cartonnage et de l’imprimerie nés à Valréas au milieu du XIX° siècle est abritée.

Notre guide nous expliqua comment la tradition du cartonnage s’est ancrée dans la ville de Valréas au XIXème.

Au moment où la sériciculture devenait une ressource prépondérante, Auguste Meynard, importait des « graines » (œufs de Bombyx) du Japon et de Chine, collées sur des cartons.  Malheureusement, le long voyage endommageait énormément les œufs. C’est alors qu’il demanda, à Alfred Revoul, ami et bricoleur réputé, de lui fabriquer un boîtage adapté au transport des graines dans les meilleures conditions possibles d’aération et de conservation.

Alfred Revoul conçut : « la boîte à courant d’air » qui évite d’écraser les œufs et permet leur survie grâce à une aération par une fenêtre grillagée ou par des trous. Cette boîte assura le succès de la sériciculture. Et Alfred Revoul, père fondateur du cartonnage de Valréas, n’en resta pas là ; Il monta son entreprise, conçut d’autres machines. Mais c’est son fils qui donna la véritable impulsion l’industrie du cartonnage.

La main d’œuvre masculine travaillait avec précision à la découpe du carton tandis que la confection des boîtes était réalisée par des femmes, en atelier mais aussi à domicile. Bon nombre de familles vivaient donc complètement ou partiellement de l’industrie du cartonnage aussi bien en ville que dans les campagnes environnantes. L’extraordinaire gamme des produits s’est adaptée aux multiples débouchés. Les plus simples des boîtes, réalisées par simple pliage, étaient destinées à des secteurs comme la pharmacie ; d’autres boîtes étaient façonnées en fonction du contenu, les plus élégantes concernant les cadeaux comme les parfums. Dans ce cas la boîte fait partie intégrante du cadeau et se couvre de superbes lithographies.

C’est ainsi que d’autres métiers gravitaient autour du cartonnage : typographes, graveurs  et imprimeurs rivalisèrent de virtuosité pour créer des étiquettes magnifiques. La boîte en carton constitue un support publicitaire de choix !

En 1886, Valréas comptera 6 fabriques 17 ateliers de cartonnage et plusieurs imprimeries artisanales. Durant cette période, la cité devint capitale européenne de l’industrie du cartonnage. Mais, après avoir atteint une renommée mondiale au début du XXème siècle, le cartonnage perdit progressivement son hégémonie en raison de la concurrence. La position de Valréas, éloignée des infrastructures de communication. En 1950, les établissements Revoul ferment leurs portes. Actuellement, il n’existe plus qu’une entreprise qui emploie 140 personnes.

Fort heureusement, la ville de Valréas a voulu immortaliser ce prestigieux passé industriel par la création, en 1984 de ce fabuleux musée dans un ancien bâtiment commercial.

Nous ne pouvons manquer de mentionner l’un des murs du bâtiment –haut lieu de commémoration –qui fut le théâtre de la tragédie de 12 juin 1944 où 53 personnes furent fusillées par les soldats allemands.

 

                                    Musée de la soie

                                      Taulignan,

                                     du papillon à la robe

 

Il était presque midi, lorsque nous arrivâmes à Taulignan, cité médiévale fortifiée au XII° et XIII° siècle, qui abrite encore de nombreuses façades Renaissance et garde fière allure avec ses remparts ponctués de onze tours protectrices.

Une petite flânerie sur le marché hebdomadaire, un dernier tour de place rapide, pour le plaisir des yeux, avant de rejoindre La Malle Poste, restaurant, où une table avait été retenue. L’accueil fut chaleureux, le repas délicieux, testé quelques semaines auparavant par des volontaires connaisseurs aux papilles aiguisées se déroula comme à l’accoutumée dans une atmosphère enjouée.

Le temps de traverser la rue, il était l’heure de pousser la porte du musée de la soie, où une autre visite guidée et privée avait été retenue. Comme celui de Valréas, le musée n’était pas encore ouvert au public, et c’est en grande liberté que nous pûmes profiter des explications détaillées d’un guide fort sympathique.

Nous en avons vues, des petites graines de vers à soie à l’origine de la création de la boîte à courant d’air de Valréas. Mieux encore, nous les avons vues s’animer avec les premières naissances des vers à soie, auxquels on apporta immédiatement des feuilles de mûrier.

Ravi de notre intérêt, notre guide nous expliqua en détail le processus de ces naissances, et nous fit découvrir les différentes étapes de la sériciculture.

Autrefois, cette activité se réalisait dans des Magnaneries, nom qui vient de « Magnan », qui signifie gourmand en provençal, car pendant leur « éducation, » les vers à soie se nourrissent exclusivement de feuilles de muriers en très grande quantité. Au XVIII° siècle Taulignan devient l’un des fleurons de la production de la soie, avec plus de 3000 employés qui étaient hébergés, dans des « usines pensionnats »

– EDUCATION : Lorsque la chenille arrive « à maturité » on procède au boisement qui lui permet de grimper dans des rameaux et de choisir une place pour tisser, pendant 1 mois, son cocon. (coque faite de bave venant d’une glande placée sous la bouche, que toutes les chenilles possèdent, même celles qui ne font pas de cocon)

C’est à la fin de cette étape qu’il faut chasser le papillon et extraire le fil de soie en plongeant les cocons dans un bain d’eau bouillante tout en les agitant avec un petit balai de branches pour en dégager les fils qui seront attachés au métier à filer, puis enroulés sur l’écheveau. Au XVIII° siècle, la filature dite artisanale se pratiquait sur des tours en bois, mais l’arrivée de la machine à vapeur, modernisa la filature qui devint industrielle.

Après avoir agité les cocons, notre guide tira un début de fil de soie.

– LE MOULINAGE qui permet de rendre le fil de soie utilisable pour le tissage, et sera tordu sur lui-même pour augmenter sa résistance, devance la dernière étape

– LE TISSAGE qui consiste à entrelacer les fils de chaîne (dans la longueur du tissu) avec les fils de trame (dans la largeur du tissu) pour obtenir différentes étoffes.

Si plusieurs types de métiers existent, le plus célèbre reste le métier à tisser Jacquard, (du nom de son inventeur) qui permet la réalisation de tissus précieux, grâce à un système de cartons perforés, qui définissent les motifs. A l’étage, d’imposantes et majestueuses machines à tisser, dont les mécanismes continuent de fasciner par leur complexité, semblaient attendre le visiteur.

C’est donc, auprès d’elles, qu’une pause se fit pour regarder un petit film retraçant les conditions de travail et de vie des jeunes ouvrières au XIX° siècle , à qui on imposait, avec l’assentiment de la famille la torture d’être enfermées de 12 à 21 ans dans des « ateliers couvents soyeux » où leur étaient enseignées les vertus du travail, de la morale et surtout de la soumission.

Après l’évocation de ces dures réalités, il nous fallut quelques minutes d’adaptation pour apprécier les superbes réalisations de grands créateurs de la haute couture, qui trônent dans des vitrines , tout près d’un métier à tisser « Jacquard »

Ce fut bientôt l’heure de remercier notre guide, qui tout au long de cette visite guidée, s’était plu à émailler sa présentation de petites anecdotes fort intéressantes, sans jamais oublier de rappeler l’aspect humain de cette aventure qui débuta au XVIII° siècle.

Nous ne pouvions quitter le musée sans passer par la boutique où différentes merveilles soyeuses attendaient de nous ravir (foulards, étoles, cravates, etc.)

Ce musée a été créé en 2001 par la municipalité de Taulignan dans le souci de transmettre et de faire découvrir au grand public, l’univers industriel de la soie dans la Drôme. Quant à nous, nous avons fait connaissance du ver à soie, cette petite bête baveuse que l’on élevait dans bon nombre de maisons velleronnaises autrefois.

Nous garderons de ces deux visites un excellent souvenir, et de cette sortie un partage de très bons moments sympathiques et conviviaux. A très bientôt pour la prochaine escapade.                                                          Mk – mcB

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